il y a aussi des trucs que je n'aime pas
Comme tout ne peut pas être merveilleux dans le monde enchanté du vétérinaire, il y a aussi des trucs que je n'aime pas:
1. Je n'aime pas le rapport à l'argent. Mon dieu, ils ne savent pas la chance qu'ils ont les médecins, kinés et autres professionels de santé conventionnés. Jamais ils ne se posent de questions devant les soins à faire ou pas sur un animal en souffrance. Jamais il leur vient la très désagréable impression de demander beaucoup à certains clients qui ont peu. Et on ne les regarde pas de la même façon, tout simplement parce que les gens ne voient même pas le coût des soins qu'on leur administre. Demandez à une partie non négligeable de la population ce qu'ils pensent de leur véto: ils vous répondront: riche, voleur, profiteur. Pas facile à porter tous les jours...
2. J'ai parfois du mal à accepter l'échec ou voir mon impuissance face à certaines situations. Et oui, parce que parfois il n'y a rien à faire ou tout simplement parce qu'on n'en a pas les moyens (notamment financiers, j'en ai parlé plus haut), et, parfois on peut se tromper aussi, ça arrive, et c'est encore plus frustrant. C'est pas facile de gérer les échecs, pas forcément parce que ça vient faire du mal à son égo, mais aussi parce que c'est de la vie des autres qu'il s'agit. On ne parle pas seulement de la vie du chien ou du chat, non, celle de leur propriétaire et c'est parfois difficile à admettre que l'on n'a pas pu soigner l'animal de personnes qui sont venues chercher de l'aide et ont mis tous leurs espoirs en vous.
3. J'ai du mal avec l'euthanasie. Et pourtant avec toutes ces années j'ai eu le temps de me former une carapace, et bien, quand il s'agit d'un animal que je soigne depuis longtemps, ça remue quand même. Mais c'est la peine des propriétaires qui me touche le plus. Toutes les fois où j'ai pu avoir la larme à l'oeil au cours d'une euthanasie c'est toujours que la peine des gens m'a émue. Certains ne peuvent imaginer l'attachement qui peut lier l'animal à son propriétaire. Et bien, qu'ils viennent assister à une euthanasie et ils comprendront.
4. Etre profession libérale! Et bien il faut aimer son métier pour pouvoir supporter certains mauvais cotés. Et je sais de quoi je parle, j'ai été 4 ans salariée avant de m'installer. Les lourdeurs administratives, des tonnes de papiers à remplir, l'argent qui n'en finit pas de sortir de tous les cotés, pas de protection sociale ou si peu, une retraite à faire pleurer, des heures à rallonge, des revenus qui dépendent entièrement du bon vouloir du client à vouloir pousser la porte du cabinet, le stress, les responsabilités. Ha qu'il était doux le temps du salariat, des revenus fixes fin de mois et des congés payés...
5. Mais le salariat, parlons en. Dans ma vie, j'ai du fréquenter une bonne dizaine de structures en tant qu'employée à plus ou moins long terme. Et bien je n'ai pas toujours apprécié. Tomber sur une structure accueillante dans laquelle on peut s'épanouir professionellement, ce n'est pas donné à tout le monde. Non, non, tous les vétérinaires ne sont pas de gentilles personnes dévouées à la cause animale, loin de là... Certains de mes confrères peuvent se révéler être de bons praticiens devant le client et de bien piètres patrons avec leurs salariés. Certains aiment l'argent, c'est un fait. Certains ont aussi la grosse tête, bardés de leur titre de docteur et de chef d'entreprise, ils se croient au dessus de tout le monde et surtout bien au dessus de leurs salariés même si il s'agit d'un confrère. Bien sur, tous ne sont pas comme ça, il s'agit même je l'espère d'une minorité que l'on doit retrouver dans pas mal de corps de métiers.
6. Une chose que je n'aime pas, c'est la dévalorisation actuelle de notre diplôme et l'image que les gens ont de nous. Pour l'aspect financier, j'en ai déjà parlé plus haut. Sinon quand il se présente parfois des crises sanitaires, le grand public vient à reconnaître l'utilité du vétérinaire. Sans quoi il est souvent considéré comme un commerçant au même titre que le coiffeur ou le garagiste. Et pourtant, il n'est pas facile à obtenir ce diplôme. Toutes ces études, un concours difficile, une thèse à passer, je n'ai pas l'impression d'être si différente d'un autre professionel de santé.
7. L'aspect pipi caca du métier je n'aime pas trop mais finalement ce n'est pas ça qui est le plus dérangeant. Ha si, il y a quand même les plaies surinfectées l'été avec des myases (c'est à dire des asticots) qui me font parfois regretter de ne pas faire une autre profession, c'est la seule chose qui me dégoutte vraiment.
8. Une dernière chose, mais ça c'est très personnel et lié à mon vécut. J'ai eu l'occasion de découvrir d'autres pays où les enfants meurent parce que pas soignés. Et plus près de nous, il y a des gens qui ne peuvent pas se payer des soins chez le dentiste ou une simple paire de lunettes. Alors parfois il me vient des doutes à envoyer un chien passer un scanner ou à conseiller une opération de la cataracte. Il m'est déjà arrivé de penser que je serai mieux médecin engagé dans l'humanitaire pour avoir l'impression d'être plus utile aux gens. Mais quand je vois le soulagement d'une personne agée quand j'ai sauvé son seul être d'attachement, ou même quand je viens à réconforter la peine de certains, je me dis qu'après tout j'arrive quand même à faire du bien autour de moi...
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